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Nature & Récréation n°14 Novembre 2023 : MOMENT RURAL ET USAGES RÉCRÉATIFS DE LA NATURE

Le moment rural comme perspective transitionnelle


Si la notion de transition est partout aujourd’hui, reste à en saisir le contenu et les différentes acceptions qu’elle recouvre. Mais ce n’est pas le lieu d’en discuter dans cet édito, mais plutôt de rendre compte qu’une dynamique territoriale transitionnelle est en cours dans le monde de la ruralité comme intention d’interroger les dynamiques récréatives en chemin. Sans doute, si l’enjeu est de la saisir par différence avec l’urbanité, cette comparaison n’est pas suffisante, sauf à penser que les pratiques transitionnelles ne concernent pas, non plus, le monde urbain et ses pratiques récréatives en gestation. Dès lors, il importe de rendre compte des recompositions actives qui doivent se saisir par différence avec les ruralités moderne, post-moderne et hypermoderne qui ne sont qu’un prolongement du pouvoir de la ville sur la campagne. En effet, c’est le monde urbain qui a façonné les cultures récréatives du milieu du XIXème siècle à la fin du XXème siècle pour aménager la nature pour des usages conquérants, contemplatifs, expérientiels ou ludiques. La question posée aujourd’hui concerne la perdurance de cette ruralité au service de la ville et des urbains quant advient une réflexion sur la limite à cette excroissance perpétuelhttps://www.naturerecreation.org/recreater-hors-serie-1le d’une nature-objet, au service des citadins avides d’espaces ruraux, propices à leur culture référentielle du toujours plus.

Le moment rural symbolise alors ce passage d’un temps rural urbain, à un temps rural rural lorsque la ruralité envisage autrement la déclinaison de son rapport à ses modes de vie et à ses relations avec la nature et les différentes compositions récréatives qu’elle souhaite cultiver et affectionner. Sans doute, cette transition n’est pas radicale mais se fait par touche et empreinte successive comme le montre le contenu de ce numéro, consacré à cette lecture des recompositions en mouvement. Mais cette focalisation sur la nature ordinaire, la micro-écologie des mondes vivants et les nuances esthétiques, issues de rencontres en profondeur et en reliance avec une ruralité rurale active et avide de créativité endogène, commence à imprégner fortement les pratiques de ces néo-ruraux et des ruraux, résistants aux pratiques des urbains du XXème siècle. Ici ou là, on voit apparaître des collectifs qui s’activent pour dessiner des mondes récréatifs singuliers qu’ils façonnent à leur image dans les relations qu’ils tissent avec les différents actants et entités humaines et non humaines des ruralités en émergence. Et c’est sans doute, dans le cadre du programme de recherche RECREATER que nous avons vu naître cette ruralité de l’intérieur ; celle qui souhaite donner de la présence à ce que j’ai qualifié du terme suivant : l’autochtonie récréative. Celle qui vient du pays et qui est portée par tous ces habitants qui veulent habiter leur terre et dessiner cette toile culturelle qui élabore leurs communs existentiels. Dès lors, l’enjeu n’est pas tant d’évaluer les recompositions démographiques entre l’urbain et le rural que de saisir l’ontologie relationnelle en chemin qui tisse le contenu de ce moment rural en action.













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